Interview : les photos documentaires de Johan Lolos en Birmanie

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Johan Lolos, ambassadeur de notre laboratoire photo Labophotos.fr est un photographe de voyages autodidacte né en Belgique. Il est  passionné de plein air et de nature sauvage. Après avoir obtenu son diplôme en relations publiques en 2013, il a  parcouru le monde à la recherche de paysages à couper le souffle. Petit à petit, il a réussi à vivre de ses deux passions, le voyage et la photographie. Aujourd’hui avec ses 464 k sur Instagram, il est considéré comme un influenceur et il est payé par des agences de tourisme pour faire la promotion de leurs destinations. Il nous a accordé une interview pour nous parler de son dernier voyage en Birmanie. 

Est-ce la première fois que tu partais en Birmanie ?

Oui c’était une première pour moi de découvrir la Birmanie et l’Asie de manière générale. Une toute nouvelle expérience puisque je suis parti pour faire de la photographie documentaire et photographier des portraits. Une nouvelle approche car j’ai toujours eu l’habitude de photographier des paysages.

Comment tu t’organises avant de partir en voyage avec tes partenaires ? As-tu un programme que tu suis à la lettre ? Quel matériel emportes-tu ?

J’ai contacté l’office de tourisme de Birmanie qui a pris en charge le voyage et qui m’a permis d’avoir un guide à mes côtés pendant trois semaines. J’ai eu envie pour ce voyage de passer du temps avec les gens, de les rencontrer, d’échanger avec eux. Je travaillais également pour un client qui avait besoin de photos là-bas. Nous avons prévu l’itinéraire en amont pour organiser les différents vols. Une fois sur place, je parlais avec le guide pour lui expliquer les photos que je souhaitais faire, j’avais quelques idées en tête mais j’ai surtout fonctionné au feeling.

Je suis parti avec 2 appareils Nikon D750, trois zooms pro de chez Nikon le 14-24mm, le 24-70mm, le 70-200mm  f/2.8 et le 35mm 1.4 pour les portraits plus rapprochés mais aussi pour avoir plus d’ouverture et de lumière quand c’était plus sombre. Enfin, j’ai pris avec moi le drone DJI Mavic pro et l’office de tourisme s’est chargé des autorisations nécessaires pour photographier avec le drone sans avoir de problème.

Delphine Polson

Qu’est ce qui t’a le plus marqué dans ce voyage ?

L’accueil et la gentillesse des birmans, le fait qu’ils soient heureux et qu’ils aient le sourire au quotidien. Ce sont des personnes qui vivent dans la pauvreté et pourtant ils sont très généreux. A contrario, c’est quelque chose dont on ne se rend pas compte au premier abord, mais en parlant avec quelques personnes, je me suis aperçu que la crise de Rohingyas est un sujet tabou là-bas. J’ai pu en apprendre un peu plus en posant quelques questions. Le tourisme a baissé de moitié à cause de ça. C’est une forme de racisme de la part des boudhistes et des autres groupes ethniques envers le peuple musulman.

Qu’as-tu appris sur la culture boudhiste ? Sont-ils facilement accessibles ? Comment fais-tu pour entrer en contact avec eux et les photographier ?

J’ai appris pas mal de choses sur cette culture que je ne connaissais pas. Tout d’abord il y a plusieurs écoles de bouddhisme. Le Dalai Lama par exemple, est le chef spirituel d’une de ces écoles. En Asie du SE, il est donc inconnu, car eux pratiquent une autre école de bouddhisme (que tu pourrais comparer avec les catholiques, protestants et orthodoxes, pourtant tous Chrétiens).

En Birmanie, c’est l’école Theravâda qui est appliquée. Comme chez les catholiques, il y a plusieurs « rites de passage », c’est ainsi que les enfants sont invités à devenir moines novices pour une certaine période durant leur enfance. Certains effectuent ce passage « obligé » dès l’âge de 4 ans, d’autres vers l’âge de 10 ans… Il n’y a pas de règle, mais souvent, les enfants profitent des vacances d’été pour rejoindre un monastère durant 3 jours à 1 mois. Certains par la suite décident de continuer cette vie, et devenir un vrai moine.

Oui, ils sont facilement accessibles. Dans la village où il y avait les femmes girafes par exemple, j’ai pu passer du temps avec elles pour discuter. Nous avions un traducteur pour communiquer plus facilement. Petit à petit, la confiance s’est installée très naturellement et elles sont devenues plus à l’aise. Pendant que ma copine parlait avec elles, je les photographiais. L’avantage c’est qu’il n’y a pas de touristes à cette saison ça aide  pour échanger avec les locaux.

As-tu un fil rouge pour chaque cliché ? Fonctionnes-tu par instinct en improvisant au moment venu où imagines-tu à l’avance ce que tu pourrais photographier en te renseignant sur la destination ?

Non, je n’ai pas de fil rouge. Pour ce voyage c’était vraiment la première fois que je partais dans un trip photo comme ça, c’est quelque chose de nouveau pour moi. Je voulais savoir comment je me sentais vis-à-vis de la photo documentaire. C’est vraiment une expérience personnelle que j’avais envie de tenter. Tout s’est fait sur le jour même, j’ai très peu anticipé, c’était de l’expérience avant tout.

Quel réseau social privilégies-tu quand tu es en voyage ?

Instagram stories, ça permet d’être en pleine immersion et de partager sous forme de séries de photos. J’ai moins de temps à accorder à une publication Instagram.

Si tu as un conseil à donner pour capturer de belles photos, lequel donnerais-tu ?

Il n’y a pas de recette magique, il faut pratiquer, s’exercer encore et toujours. Fréquenter d’autres photographes pour apprendre toujours plus et savoir se remettre en question quand il faut. Evidemment, il est important de shooter aux aurores ou en fin de journée pour avoir une belle lumière et avoir l’oeil de la composition est un plus mais ça ne fait pas tout !

Une petite anecdote à partager avec nous lors de ce voyage ?

La fête de l’eau, c’est le nouvel an Birman qui a lieu chaque année mi avril et qui dure environ 3 à 4 jours. Elle existe également en Thailande et au Laos mais sous une forme différente. Ils jettent de l’eau constamment, c’est une énorme célébration pendant la période la plus chaude de l’année. Pour eux, cette fête permet de se purifier de tous les faits et gestes de l’année. Les moines n’ont pas le droit de jeter de l’eau, et sont même protégés d’en recevoir. Mais des enfants restant des enfants, les moines novices font souvent exception à la règle, et sont autorisés à participer aux fêtes.

Comment travailles-tu tes photos et sous quel logiciel ? 

J’utilise Lightroom, parfois Photoshop quand je sens que Lightroom atteint ses limites. Je travaille sur les courbes, l’exposition, les contrastes… J’applique des retouches basiques, mes réglages se font surtout sur l’appareil photo lors de la prise de vue.

Quelle est ta prochaine destination ?

Récemment, je suis parti en Grèce avec ma copine mais sans appareil photo cette fois-ci, j’y suis allé pour des vacances. Sinon, j’ai plein d’idées de voyages mais rien de concret pour le moment. Nous aimerions partir en Inde et en Chine, faire le tour des Etats-Unis ou encore découvrir l’Alaska …

Merci à lui d’avoir pris le temps de nous accordé cette interview ! Découvrez son site internet et son compte Instagram.

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